vec la montée en popularité des produits à base de cannabidiol (CBD), les pharmaciens se retrouvent en première ligne pour répondre aux questions des consommateurs. Cependant, ils doivent s’assurer que seuls les produits conformes à la réglementation sont disponibles dans leurs officines.
Les vérifications clés avant de référencer un produit :
- Statut du produit : Avant de vendre un produit contenant du CBD, le pharmacien doit vérifier qu’il est bien autorisé par la réglementation en vigueur. Ce statut est détaillé dans l’arrêté du 15 février 2002 modifié, et il est impératif de consulter cette liste avant tout référencement.
- Composition et allégations : Il est également crucial de s’assurer que la composition du produit respecte les normes de sécurité et que les allégations santé ne sont pas abusives ou trompeuses. En effet, sans autorisation spécifique, un produit ne peut prétendre à des effets thérapeutiques, même s’il contient du CBD.
- Respect du code de déontologie : En tant que professionnels de la santé, les pharmaciens sont tenus par un code strict. Par exemple, l’article R4235-47 du Code de la santé publique stipule que « le pharmacien ne peut délivrer un médicament non autorisé. » Ils doivent donc veiller à ne pas promouvoir des pratiques susceptibles de nuire à la santé publique.
Les différentes catégories de produits au CBD
Le cannabidiol est utilisé dans divers produits, allant des cosmétiques aux compléments alimentaires en passant par les produits de vapotage. Mais tous ne sont pas autorisés en pharmacie.
1. Cosmétiques à base de CBD
Ces produits, qu’il s’agisse de crèmes, de sérums ou d’huiles pour la peau, sont autorisés à la vente, à condition que le CBD utilisé soit pur et que les dérivés de cannabis utilisés respectent les interdictions prévues par la réglementation européenne. Cela signifie, par exemple, que les extraits de feuilles ou de fleurs sont interdits dans les cosmétiques.
2. Compléments alimentaires au CBD
Dans ce domaine, seules les graines et les fibres de chanvre sont autorisées en tant que denrées alimentaires. Les huiles obtenues à partir de ces graines sont également permises. Cependant, le CBD en tant qu’ingrédient est encore soumis à l’évaluation de l’EFSA avant d’être autorisé dans les compléments alimentaires.
3. Produits de vapotage
Ces produits connaissent un certain succès, notamment chez les consommateurs cherchant à se détendre sans les effets psychotropes du THC. Leur commercialisation est légale à condition que les fabricants et importateurs se conforment aux obligations de déclaration prévues par la réglementation européenne. Cependant, il est interdit de vendre des produits à fumer à base de CBD dans les pharmacies.
CBD et conduite : la vigilance est de mise
Même si le CBD n’a pas d’effet psychoactif comme le THC, il peut contenir des traces infimes de ce dernier. Or, lors d’un contrôle routier, ces traces de THC peuvent apparaître dans le sang ou la salive, avec un risque de sanction. Il est donc essentiel que les patients utilisant des produits au CBD soient informés de ce risque, notamment lorsqu’ils prennent le volant.
Le rôle préventif du pharmacien
En tant que professionnel de la santé, le pharmacien a un rôle clé à jouer dans la prévention des risques liés à l’usage du CBD. La Direction Générale de la Santé recommande aux pharmaciens d’informer leurs patients sur les produits à base de CBD qu’ils commercialisent. Le flyer rédigé par l’Association Française des centres d’Addictovigilance, qui regroupe des éléments pédagogiques à destination des professionnels et des patients, constitue une ressource précieuse dans cette mission.
En conclusion, bien que le CBD présente des promesses intéressantes, tant pour ses applications bien-être que pour son potentiel thérapeutique, son utilisation en pharmacie est encadrée par des règles strictes. Les pharmaciens doivent donc être particulièrement vigilants quant à la conformité des produits qu’ils mettent à disposition de leurs clients.
Tableau comparatif des produits à base de CBD autorisés et interdits :
| Type de produit | Autorisé en officine | Conditions |
|---|---|---|
| Cosmétiques | Oui | Doivent respecter les interdictions de l’annexe II du règlement communautaire. |
| Compléments alimentaires | Oui | Seules les graines et fibres de chanvre sont autorisées. Tout autre usage alimentaire du CBD doit être autorisé par l’EFSA. |
| Produits de vapotage | Oui | Sous réserve que les obligations de déclaration soient respectées. Produits à fumer interdits. |
| Fleurs et feuilles brutes | Non (suspendu) | Vente interdite par un arrêté, mais suspendue par le Conseil d’État en 2022 pour les variétés à faible teneur en THC (moins de 0,30 %). |
| Produits à plus de 0,30 % THC | Non | Tout produit avec une teneur en THC supérieure à 0,30 % est considéré comme stupéfiant et interdit à la vente. |